L’agrégation bancaire, aussi appelée « Open Banking », bouleverse notre écosystème financier et assurantiel. Contraints de rentabiliser leurs investissements technologiques, les banques et assurances adoptent différentes stratégies pour se mettre en conformité mais surtout pour se démarquer sur un marché de plus en plus concurrentiel. Les relations entre consommateurs et leurs banquiers et assureurs vont drastiquement évoluées… mais de quelle façon ?
Les différents positionnements des banques
Tout l’enjeu pour les banques, contraintes d’ouvrir l’accès à leurs données, impliquant nécessairement un coût, est de trouver comment tirer profit de cette réglementation en générant de nouvelles sources de revenus grâce à des produits et services à valeur ajoutée. Pour cela, 3 types de stratégies sont envisageables en travaillant sur des axes distincts : la création de produits/services et leur distribution.
Stratégie 1 : APIsation interne - répondre aux exigences de la DSP2 sans véritable stratégie d’ouverture
Seules les services d’accès aux comptes et d’initiation de paiements sont concernés par la DSP2. Les banques ne sont donc pas contraintes d’ouvrir l’accès aux données complémentaires à des acteurs tiers. Un choix défensif face à l’Open Banking qui constitue un risque pour les banques qui devront faire face à une concurrence positionnée sur un modèle plus ouvert.
Stratégie 2 : « Bank as a Service » - un modèle vraiment ouvert où chacun tire des bénéfices
La banque met à disposition de tiers tout ou partie de ses produits et services après les avoir APIsés en amont (crédits, épargnes, moyens de paiements, assurance… ) afin de permettre aux acteurs tiers de les proposer à leurs clients via leurs propres plateformes. Ce modèle permet aux banques d’étendre leur réseau de distribution tout en délégant une partie de la relation client.
Stratégie 3 : « Bank as a Platform » - une alternative sous le contrôle des acteurs traditionnels
Il s’agit d’une stratégie où les banques distribuent mais ne produisent pas ou peu. Cette stratégie est largement privilégiée par les acteurs traditionnels. Elle permet la mise en place d’une plateforme, contrôlée par la banque, agrégeant des services bancaires et non bancaires, pouvant adresser les besoins clients. La banque garde le contrôle sur l’offre, la diversifie et conserve l’exclusivité de la distribution et de la relation client. Les tiers deviennent prestataires de services et bénéficient du volume de clients nécessaire pour rentabiliser leurs produits. La banque, quant à elle, améliore ses marges grâce à un système de commissions et élargie son offre pour s’imposer comme assistant de la vie, et non plus simplement un assistant financier.
Les consommateurs français, fidèles à leurs banquiers et assureurs
Les consommateurs français, tous secteurs confondus, sont prêts à partager plus d’informations personnelles en échange de services à plus forte valeur ajoutée. Mais qu’en est-il des données bancaires ?
L’étude Deloitte «Les Français et les nouveaux services financiers 5e édition» éditée en février 2020 nous éclaire sur le sujet. Si les français restent frileux à l’idée de partager leurs données bancaires, «les banques et les assureurs ont deux fois moins de difficultés à convaincre les Français de partager leurs données avec eux».
Cette confiance que les français ont pour leur banquier et assureur explique en grande partie pourquoi les acteurs, traditionnels et issus de la fintech et assurtech, ont tout intérêt à tisser des partenariats stratégiques. Cela nous en dit également beaucoup sur la direction que peut prendre le marché dans les années à venir.
Vers un interlocuteur et une interface uniques ?
L’Open Banking est un raz de marée pour le secteur de la finance et de l’assurance. Les cartes sont redistribuées, des partenariats sont mis en place, faisant évolué inexorablement le secteur vers un système plus ouvert. Selon les experts, une évolution drastique du métier de banquier et d'assureur est à venir.
Les Français sont de plus en plus intéressés pour être accompagnés par leur banque et assurance sur des services allant au-delà de leur champs d’action traditionnel. Cela traduit la légitimité des banques et assurances à proposer des services extra financiers pour devenir l’intermédiaire entre les Français et leurs besoins. Si on pousse la réflexion plus loin, on imagine facilement une interface unique, une super app, qui couvrira l’ensemble des besoins et permettra au consommateur de souscrire seul à un crédit immobilier, une assurance habitation ou encore de gérer son épargne et suivre l’ensemble de ses investissements et l’évolution de son patrimoine quel que soit le contrat souscrit et son fournisseur. Une vision à 360 de nos actifs grâce à la centralisation de nos données bancaires, tout ça grâce à l’Open Banking !
A l’image du secteur financier, l’assurance doit définir une stratégie d’ouverture en tant qu’ « Insurance-as-a-Service » ou « Insurance-as-a-Platform » pour faciliter l’innovation sur le marché de l’insuretech et investir dans des partenariats stratégiques. Les consommateurs français, plus enclins à faire confiance à leur banquier et assureur, opteront plus facilement pour leurs services ce qui garantira la rentabilité des évolutions technologiques nécessaires tout en donnant un nouveau souffle à ce marché historique.